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Ewa Rdzanek
30 août 2021
A1

10 ressources que j’ai utilisées pour un cours A1

par | 30 Août 21

J’ai une nouvelle élève, E. . Elle est adulte, polonaise, et habite depuis quelques années dans un pays francophone. Elle n’a jamais appris le français en classe. Au quotidien, elle communique en français quand c’est absolument nécessaire. Elle possède donc le fameux niveau « survie » au magasin ou dans la rue. Autrement, c’est l’anglais qui règne dans ses conversations et au travail. Elle aime bien s’informer en français (podcasts, articles de presse). Elle m’a contactée en disant qu’elle « ne savait rien en français » et qu’elle voulait, pour une fois, l’apprendre de manière ordonnée, dès le b.a.-ba.

J’ai trouvé le défi intéressant. Nous sommes alors parties pour des cours de 60 minutes sur Zoom, une fois par semaine.

Le problème était que, d’après les informations données par E., je ne pouvais coller son niveau à aucune méthode (contrairement à ce que fait Benoit dans ses cours pour débutants). Cela ne faisait aucun doute : je ne pouvais pas attaquer avec des activités A0 genre « alphabet », « je m’appelle… », « je suis… », etc.

Pour tester mon élève sans qu’elle s’en rende compte, j’ai utilisé deux Zactus. Ce sont des séquences pédagogiques concernant un sujet d’actualité basées sur un document authentique suivi de questions de compréhension orale ou écrite, d’exercices de vocabulaire et de questions de discussion. Je lui ai envoyé par e-mail la séquence A1 “La passion des Lego” (basée sur une vidéo) et celle du niveau A2 “Seul ou accompagné” (dans celle-ci, Basia a utilisé un article de presse) en lui demandant de faire la partie CO/CE et puis les activités autour du vocabulaire. Je lui ai demandé un retour sur la difficulté de ces deux séquences.

Voilà ces Zactus, un peu flous ici :)

E. m’a répondu que la ressource A1 avait été plus difficile car la compréhension orale s’est avérée compliquée (malgré la simplicité des questions, elle a fait des efforts pour arriver à une compréhension exhaustive, ce qui l’a frustrée). Elle n’a eu aucun problème avec la ressource A2, comme il s’agissait d’une CE. Et hop, j’ai eu ma première information, un peu déroutante, c’est vrai : une séquence A1, c’est plus dur qu’une A2. Ah, ah, et qu’est-ce que je fais maintenant ???

Tout ça m’a indiqué qu’il fallait proposer des ressources ambitieuses tout en gardant la simplicité, ou encore penser à l’accessibilité sans frôler la banalité. Ah, ah…

PREMIER COURS : briser la glace et donner du concret

Pour faire connaissance avec ma nouvelle élève (car tout ce que je viens de vous raconter s’est passé par e-mail), j’ai voulu partir du bon pied pour éviter d’entrer dans des discussions trop vagues (comme elle se débrouille, je peux facilement perdre 30 minutes à lui poser des questions sympathiques sur sa vie et ses goûts, au bout desquelles elle n’aura pas le sentiment d’avoir travaillé…). Mon objectif était de ne pas envahir E. avec trop de choses qui puissent prouver qu’elle NE SAVAIT RIEN EN FRANÇAIS, et de l’apprivoiser en donnant du matériel sécurisant mais non dénué d’intérêt.

(C’est drôle combien je réfléchis avant un cours. Mais je suis une personne fragile et, en général, je réfléchis trop, c’est pour ça.)

J’ai donc pioché une ressource simple : le poster “Moi aussi”. Je me suis dit que, même si les phrases ne sont pas très compliquées ou que le vocabulaire n’est pas révolutionnaire (ça circule autour de la vie quotidienne, des préférences, des loisirs…), on pourra s’exercer à bien utiliser les « Moi aussi, moi non plus, etc. »… parce que CHAQUE élève n’ayant pas encore atteint le niveau B2 a des problèmes avec ce petit point de grammaire, ou au moins une micro-hésitation quand l’échange à l’oral est rapide (ce n’est que mon opinion, bien évidemment).

Voilà un extrait de cette ressource :

J’ai donc partagé le poster sur mon écran, puis j’ai fait ma (très courte) présentation en lisant des phrases choisies et en réagissant. Par exemple :

Marie ne fait pas de sport. Moi si.

Ma tante pratique la danse du ventre. Et moi non !

Etc.

Puis, j’ai demandé à E. de lire tranquillement toutes les phrases du poster (je n’ai pas peur des silences en cours en ligne, bien au contraire, c’est parfois vraiment nécessaire de ne pas faire de bruit tout le temps) et de me signaler s’il y a des choses à expliquer. Pour la compréhension du poster, c’est passé comme une lettre à la poste : seuls deux ou trois mots ont été difficiles. J’ai ensuite demandé à E. de choisir 7 phrases avec lesquelles elle pourrait parler d’elle-même sur le modèle présenté juste avant.

Comme je l’avais prévu, en production les « moi aussi » et Cie ont demandé plus d’explications. Ça a été drôle dans ce contexte et ça nous a amené à des discussions du type : « Alors, finalement, tu as un chien ou non ? » et à rassembler un peu d’informations l’une sur l’autre. Donc, mine de rien, en 15 minutes, j’ai non seulement rassuré mon élève (« ah, j’y suis arrivée ») et je lui ai donné du concret (en seulement un quart d’heure, elle a déjà pratiqué un point de grammaire). Bingo ! Pour l’instant, c’est seulement moi qui écrivais sur le chat (surtout les corrections des erreurs, des mots nouveaux ou des mots que l’élève avait cherchés).

Pour continuer le cours dans la même logique, j’ai tenté une autre ressource : 1,2,3 adjectifs possessifs. J’ai opté pour le premier poster : la découverte des possessifs à travers des légendes de posts Instagram, parce que je voulais rester dans un cadre sécurisant au niveau du vocabulaire.

Voilà un extrait de cette ressource :

Après avoir fait l’activité préparatoire (associer des légendes aux photos), j’ai posé une question simple : est-ce que les petits mots que tu vois dans les phrases sont clairs pour toi ou pas ? « Je les entends et je les vois partout, mais je ne sais pas exactement comment les utiliser. » Eh oui. On a donc regardé les phrases du poster en évoquant quelques images (on a utilisé le chat pour s’envoyer les liens vers les photos pour certaines légendes). Puis, E. a rempli la grille des possessifs fournie dans la ressource. On a rajouté un point de grammaire à notre panier.

Comme devoirs, en tant que tâche de systématisation, j’ai proposé la grammafiche possessifs (seulement la partie CO, la règle et 3 exercices de grammaire structuraux), toujours dans l’idée de « mettre de l’ordre ». J’ai aussi demandé à E. de choisir quelques phrases du poster « Moi aussi » et de s’y référer.

DEUXIEME COURS : je teste, mais je fais semblant de ne pas le faire !

Après avoir corrigé les devoirs (ça a duré moins de 10 minutes, juste quelques petites erreurs, il faut qu’on corse un peu ces cours !), je suis rapidement passée au poster 2 du 1,2,3 adjectifs possessifs. Dans celui-ci, on a des phrases auxquelles il faut ajouter la suite avec un possessif imposé. Par exemple (une seule petite bulle parmi les 30 du poster) :

On est parties sur d’innombrables « ton voiture », « leur amis », « Mes parents et ses bagages » etc., et en plus, c’était un bon exercice de créativité (j’ai entendu pour la première fois : « ce n’est pas facile »).

J’ai patiemment expliqué qu’il fallait faire attention au genre, au nombre, à la première lettre. J’ai amené l’élève à l’autocorrection, en répétant « attention », « quelle est la première lettre », « ce sont les valises des parents ou de quelqu’un d’autre ? ». Le tableau récapitulatif s’est avéré très utile, mais le défi résidait aussi dans la réflexion : « Mais je dois avoir une idée de ce que je veux dire ! ». Autrement dit, on est passées du niveau observation-réaction au niveau production guidée, toujours seulement à l’oral.

Nous avons fini l’activité avec le sentiment d’avoir bien travaillé. J’ai aussi demandé à E. de choisir 10 phrases restantes du poster et de les compléter à l’écrit à la maison.

Ensuite, pour continuer à tester l’élève sans qu’elle ne s’en rende compte, j’ai proposé les Frazatrous sous forme de fichier Powerpoint (ça existe également sous forme de pdf). J’avoue que c’est entre autres parce qu’afficher ces vignettes petit à petit, lorsque d’abord apparaît une image, ensuite le texte, ensuite la règle, c’est mon petit plaisir coupable ! Je les regarde de temps en temps juste pour regarder : c’est tellement chouette cette petite animation ! Merci PM ! Et pour la première phrase, j’invente toujours des fins très stupides (secrètement bien sûr, ou seulement avec des personnes qui me connaissent :) ). Il s’agit de la phrase :

Si l’on veut travailler ici le passé récent, ça devient drôle.

Bon, bref, oui, nous avons fait 5 cartes : exprimer la provenance, l’impératif, l’article partitif, l’expression de la quantité et exprimer ses goûts. Malheureusement, malgré la simplicité, chaque carte a posé un problème plus ou moins important à mon élève, surtout que, cette fois-ci, je lui ai demandé pour la première fois de noter ses propositions de réponses dans le chat. Ça l’a énormément stressée (ce n’était pas mon objectif) et ça a montré qu’il y avait beaucoup de travail devant nous. Ça a aussi servi quelque part pour moi de justification pour proposer des activités de base, mais vraiment de base.

En effet, la liste des thèmes des Frazatrous est devenue ma table de matières pour progresser avec mon élève. C’est extrêmement pratique avec une personne qui n’a pas suivi de parcours scolaire typique mais dont la connaissance de la langue est en désordre : il suffit de voir une (ou plusieurs) frazatrous concernant un sujet pour savoir s’il nécessite une révision ou pas.

Comme E. a bloqué sur l’impératif, je lui ai donné la grammafiche impératif à faire à la maison. La vidéo de celle-ci est très drôle, ça parle des astuces de grand-mère et a les qualités d’un vrai, solide document authentique : le débit est assez rapide, mais tous les procédés décrits par la voix-off sont montrés sur l’écran, donc même en se perdant dans la CO, on arrive à suivre dès le premier visionnage.

TROISIEME COURS : observation et production guidée

E. a dûment fait ses devoirs. J’ai repéré quelques fautes de conjugaison, et pas seulement dans les formes de l’impératif. Encore un indice pour savoir dans quelle direction il faut aller.

Après avoir corrigé les devoirs, et pour continuer le sujet que je ne trouvais pas encore épuisé, j’ai proposé le grammaludique impératif. Cette activité est tellement simple et parfois absurde : il s’agit de donner des conseils (à l’impératif bien évidemment) à des personnes (chaque carte est illustrée) qui ont différents problèmes plus au moins graves. Par exemple, ils veulent être populaires à l’école, changer de travail, trouver l’amour, avoir plus de « j’aime » sous leurs posts de réseaux sociaux, etc. Les conseils sont déjà donnés (chaque conseil sur une carte séparée), il suffit de choisir le plus adapté parmi ceux affichés à l’écran. Voici un exemple de 4 cartes personnes et de 18 cartes conseil :

Cette étape permet de voir un maximum de formes verbales à l’impératif, oblige à sélectionner les phrases et à se justifier. En plus, le fait de lire les conseils des cartes à haute voix permet de travailler la prononciation. Nous nous sommes donc arrêtées sur tous les « réfléchissssse un peu » et « prendssssse un crédit ». E. a été déroutée au début. Elle a choisi des réponses très évidentes, sécurisantes, parce qu’elle a pensé qu’il fallait choisir le bon conseil (donc, que l’activité avait un sorte de corrigé). Pour la rassurer, j’ai utilisé la formule magique Z qui dit qu’« il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses ». Après avoir choisi des conseils pour quatre personnes, quand j’ai senti que l’on commençait à bien sentir l’impératif, j’ai affiché la photo d’une cinquième personne en demandant à E. d’inventer des conseils pour elle. Je l’ai invitée à réutiliser des verbes voire des phrases vus dans la grammafiche faite à la maison, ce qui a contribué à créer de jolies phrases (Lola s’ennuie. Conseil : « Utilise un spaghetti comme allumette géante ! »). Comme défi supplémentaire, j’ai demandé d’écrire les propositions de conseils dans le chat. Je dois admettre que la production n’était pas très limpide. Je pense que c’était à cause de la peur de faire une erreur (surtout avec la nécessité d’écrire !) ou de dire quelque chose de pas intelligent. C’est souvent très frustrant pour les adultes de devoir produire des phrases simples, pas très profondes. J’ai dû assurer E. que je ne portais aucun jugement sur le contenu de ses conseils. J’ai même dit : « C’est juste un cours de français. Tu peux dire tout ce que tu veux, imaginer ce que tu veux, à condition de parler ou d’écrire. ». Ça a semblé convaincre E., mais je pense qu’elle aura encore besoin de plus de temps pour se sentir plus à l’aise.

Je le dis entre nous, mais j’ai bien noté pendant cette activité que la conjugaison des verbes au présent posait problème. En s’autocorrigeant, E. arrivait finalement à produire la bonne forme, mais je voyais bien qu’elle marchait sur des œufs. À la fin du cours, je voyais presque de la sueur sur son front (ou plutôt sur son écran). Elle m’a aussi montré le Bescherelle tout neuf et tout brillant qu’elle avait à côté de son clavier. Ça m’a presque émue. Bref, j’ai senti une VRAIE motivation.

Et c’était 5 minutes avant la fin du cours. Comme devoirs, j’ai proposé encore une ressource axée purement sur la grammaire : Les Zexos conjugaison A1. Tout est dans le titre. J’ai donné à faire les exercices 1, 2 et 3 (qui consistent à : 1.associer les formes verbales et les sujets, 2. conjuguer les verbes et associer avec la bonne fin de phrase, 3. choisir le bon verbe et compléter la phrase).

J’aime bien les Zexos car, derrière l’aspect assez classique, ils forcent à réfléchir et à ne pas se limiter à un seul thème grammatical. C’est d’ailleurs ce que E. m’a dit au début du cours suivant : « Ces exercices sont très bien. Ils ne sont pas ennuyeux. ».

En plus, pour pouvoir discuter un peu au prochain cours et pour utiliser dans cette discussion des verbes (beaucoup de verbes), j’ai rajouté les Zactus “Même pas froid” qui abordent la thématique des loisirs insolites. E. devait regarder la vidéo et répondre aux questions de la CO.

Si vous voulez savoir ce qui s’est passé au cours suivant et quelles ressources j’ai utilisées par la suite, dites-le-nous dans les commentaires !

 

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Ewa Rdzanek

Ewa Rdzanek

Je suis prof de FLE depuis 2002. Comme je m'ennuie vite, je cherche toujours à rompre la monotonie pendant les cours et j'espère encourager les profs à faire de même, pour plus de joie, de surprises et d'efficacité dans l'apprentissage.

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12 Commentaires

  1. Virginie

    Merci pour ce partage, c’est très intéressant de lire ces témoignages et … toujours rassurant de voir que tout le monde peut tâtonner avec de nouveaux élèves au profil “compliqué”… Même si je ne suis pas bien sûr que les profils “simples” existent…
    une question de logistique : Est-ce que tu fixes avec tes étudiants en cours particuliers un programme et des objectifs bien précis après quelques leçons pour avoir une ligne directrice précise?
    Bonne journée

    • Ewa Rdzanek

      Bonjour, avec les élèves qui ont déjà étudié le français et qui ont oublié, ou qui n’ont jamais étudié en classe etc., je suis l’ordre imposé par le CECR, en consacrant à chaque thématique le temps que je considère nécessaire (parfois c’est une demi-leçon car le contenu est parfaitement connu, parfois trois heures et de nombreuses révisions…). J’essaie en même temps d’être réactive et si je vois une difficulté (une erreur qui revient) ou une nécessité (“Ewa, j’ai besoin de savoir comment parler de la cuisine parce que je reçois des amis français la semaine prochaine”).

      • Virginie

        Merci beaucoup pour la réponse et aussi pour toutes les ressources inspirantes.
        Bonne continuation

  2. michèle

    Merci pour votre travail de grande qualité alliée à la bonne humeur !!
    J’aimerais beaucoup connaître le contenu des cours suivants.
    Bonne continuation

  3. solidaridad67

    Bonjour, je suis très intriguée par la suite des cours avec votre élève.
    Je vous remercie d´avoir eu la bonté de partager avec nous votre expérience et surtout vos réflexions!

    • Ewa Rdzanek

      Bonjour, on vient de reprendre les cours après une très longue pose estivale. Je note soigneusement tout ce qu’on fait et je vais en faire un article suivant, c’est promis !

      • sermet.sophie

        Bonjour Ewa, Super ton approche !!! Il y a une suite? Merci beaucoup!

  4. alice.francois

    Bonjour ! La suite m’intéresse aussi ! Merci encore pour ce partage !

  5. Pili

    Grand merci pour partager avec nous toutes ces ressources!
    Moi aussi, je suis intéressée à l’évolution de ces cours!
    Salutations,

  6. leslie

    Merci beaucoup Ewa! Je suis justement confrontée à un cas de figure très similaire, et cela m’a donné confiance pour continuer quand j’ai vu qu’on suivait la même logique (je suis moi aussi une personne fragile apparemment :):):), je trouve tes choix très intéressants et très bine expliqués, merci!

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