Voici une activité que cette chère COVID-19 m’a inspirée et que j’ai conçue pour des A1. Avec ce temps de confinement, peut-être en effet que notre conception de ce qui est votre « chez nous » a changé… Ou peut-être s’est-elle mieux définie ! En bref : qu’est-ce qui fait que notre « chez nous » est chez nous, que nous nous y sentons comme un poisson dans l’eau et que nous ne le laisserions tomber pour rien au monde ? Les limites de cet endroit se sont-elles élargies ? réduites ? transformées ? Cela mènera bien sûr à une discussion personnelle, et possiblement passionnante si vous avez des apprenants voyageurs (ou non d’ailleurs), et permettra par la même occasion de mieux se connaître.
Au niveau de la langue, cette activité permet de travailler le vocabulaire des objets et des actions du quotidien ainsi que de pratiquer le masculin/féminin, les déterminants définis/indéfinis, les déterminants possessifs, la phrase négative, les adverbes de quantité, possiblement le partitif – et découvrir les pronoms toniques (si ce n’est pas déjà fait). Attention : ceci n’est pas une activité de découverte de ces points de grammaire mais bien de pratique ! Et enfin, vous pourrez l’adapter à des A2.
Première étape : la course aux mots !
- Distribuez la feuille « images » aux apprenants ou projetez-la sur votre écran (page 1).
- Demandez, en binômes, de trouver le plus de mots possibles correspondants aux images et donnez un temps défini : deux minutes, par exemple. Précisez qu’il faut aussi trouver s’ils sont féminins ou masculins. Et si vous êtes en virtuel, demandez qu’ils jouent le jeu et n’utilisent pas de dictionnaire ou de ressources Web.
- Au moment de mettre en commun, demandez d’abord à chaque binôme combien de mots ont été trouvés.
- Passez ensuite sur chaque image (sans vous attarder sur celles où les apprenants n’ont rien trouvé : on donnera « les solutions » à la fin) pour vérifier la bonne graphie et le genre des mots proposés. S’il y a des hésitations, vous pouvez proposer par exemple un vote pour rendre ça plus ludique (« qui pense que ce mot est féminin/masculin ? », et vous pouvez même ajouter « pourquoi ? » pour les A2, si ceux-ci aiment inventer des explications ou donner leurs impressions – voire s’ils connaissent les quelques règles de reconnaissance de genre ! 😊). Il est également possible que vos apprenants proposent plusieurs mots pour une image : fabulous ! Notez, si faisable (selon votre situation en présentiel ou en virtuel), les mots proposés sous les images correspondantes. Vous pouvez enfin imaginer un système de points : 1 point/mot, mais -1 pour chaque erreur de genre.
Deuxième étape : remue-méninges (et grammaire, oh oui !)
Maintenant que toutes les images ont au moins un mot qui leur est attaché, passons au cœur de l’activité : la définition pour chacun de ce que signifie « chez moi ».
- Écrivez l’expression au tableau ou projetez-la. Demandez à vos apprenants s’ils comprennent cette expression et s’ils peuvent associer des mots à cette dernière (vous aurez sûrement « maison » dans le lot !). Faites le lien avec le coronavirus : nous allons parler de votre « chez vous », aujourd’hui, après l’épisode du virus.
- Donnez un exemple pour vous assurer que tout le monde a compris (page 2). Cela permettra d’introduire par la même occasion les structures grammaticales que vous souhaitez qu’ils utilisent.
Exemple : – Voici chez moi [photo de votre maison, appartement… et pourquoi pas votre tente, si vous voulez insister sur le côté abstrait du concept !].
– Chez moi, il y a des montagnes. Il y a aussi un chat.
– Chez moi, il n’y a pas de voiture.
– Chez moi, c’est la langue française.
– Chez moi, maintenant, c’est beaucoup de choses à l’intérieur.
– Chez moi, c’est quand je mange du chocolat avec mon café.
– Chez moi, c’est quand je regarde Brooklyn 9-9 le soir.
- Vous pouvez aussi utiliser : « Chez moi = montagnes, chat, langue française, manger du chocolat avec le café, regarder Brooklyn 9-9 le soir » et « Chez moi ≠ voiture, etc. » et leur demander s’ils peuvent faire une phrase complète (sans le symbole donc) avec chacun de ces éléments. Le « Chez moi =/≠» permet de bien faire comprendre qu’il ne s’agit pas de détailler ce qu’il y a dans leur maison, mais bien de parler du concept ! (voir page 3)
- Demandez donc à chaque apprenant d’écrire 8 phrases qui définissent son chez-soi. Si vous souhaitez qu’ils travaillent une structure en particulier, donnez-leur un canevas préétabli (exemple : 2 phrases négatives à compléter, 2 phrases avec « il y a », etc.). Donnez-leur 5 à 8 minutes.
Troisième étape : on échange !
- Puis, par binômes, demandez-leur de comparer leur « chez eux ». Vous pouvez projeter la question « Chez toi, c’est quoi ? », pour bien insister sur le changement de personne (moi -> toi). Donnez-leur plus de temps : c’est l’occasion ici d’échanger !
- Enfin, faites une mise en commun en demandant à plusieurs apprenants de binômes différents de décrire le « chez moi » de leur compagnon de travail.
Vous pouvez aussi élargir la discussion en leur expliquant qu’en français, il n’y a pas de mot comme home en anglais ou heimat en allemand pour désigner ce concept et que « ma maison » n’est pas vraiment équivalent, car plus concret. C’est pour cela qu’on utilise plus souvent « chez moi » (ou simplement un déterminant possessif : « dans mon pays », « mon lieu de vie », etc.). Demandez-leur s’il existe un mot ou une expression dans leur langue.
Avec les A2 :
– donner moins de temps pour la première étape, et demander tous les mots possibles qui leur passent par la tête.
– complexifier les structures grammaticales de la deuxième étape, notamment en demandant « pourquoi ? » : « pourquoi, chez toi, ça veut dire prendre un café à 10h du matin ? » -> « parce que j’aime le goût du café, parce que j’ai besoin d’une pause dans mon travail, parce que je me sens fatigué » (par exemple).
– ajouter la pratique de l’imparfait en prolongeant l’activité avec cette question : est-ce que ton chez toi a changé avec le confinement ? (faire un tableau avant/maintenant).
Prolongement de l’activité : et pourquoi pas leur faire écouter la chanson de BigFlo et Oli « Bienvenue chez moi » ? https://www.youtube.com/watch?v=PTJLmBfG8yc
Vous pourriez leur donner une carte de France et leur demander quelles sont les villes et régions de France qu’ils entendent dans la chanson.
Et si vous voulez parler de philosophie en FLE aux niveaux avancés, vous trouverez ici un pack d’activités de conversation sur ce sujet !
Bonjour aux futurs essayeurs de cette activité :
j’ai trouvé récemment un exemple “vivant” de ce type de jeu de définition en la personne de Dany Laferrière, interviewé sur l’enfance (ce qu’est l’enfance pour lui):
Regardez de 3’24 à 4′ sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=fj97Yl9rkgc (accessible avec la transcription et explications pour des petits niveaux).
Bonne philo!