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Pourquoi je ne suis pas la description d’un cours de Benoit

par | 14 Déc 2022 | Blog pédago, Cours de FLE débutants | 6 commentaires

Récemment, Benoit m’a demandé si je pouvais tester son suivi du cours avec mon nouveau groupe débutant pendant un semestre entier. J’ai analysé de plus près les le déroulement des cours proposés par Benoit et finalement j’ai décidé de ne pas l’utiliser.

Dans cet article, je vais expliquer un peu ma décision, mais avant de le faire, il faut que je souligne une chose très importante.

Actuellement, nous travaillons sur différents types de formations didactiques. La première étape du processus de leur préparation consiste à trouver des idées pertinentes et intéressantes qu’on veut présenter dans nos vidéos.

C’est un moment où je parle beaucoup avec Benoit et on compare nos pratiques de classe. Ces débats sont pour moi très enrichissants parce que je peux voir clairement que chacun peut avoir son approche à soi, que chaque prof est différent et je peux sortir de la bulle de mes habitudes.

Il y a bien-sûr des points communs ente Benoit et moi (je pense que s’il n’y en avait pas, notre coopération, qui dure depuis des années, ne serait pas possible), mais les cours “à la Benoit” et les cours “à la Dorota” sont complètements différents, même si nous utilisons les mêmes ressources.

Par cette introduction, je veux donc dire que c’est absolument normal qu’on ait nos propres méthodes et techniques. On ne peut pas toujours dire que les unes sont meilleures que les autres.

Passons maintenant au concret ! Pourquoi je ne me suis pas décidée à utiliser le suivi du cours présenté par Benoit ? Attention, par “ne pas utiliser”, je veux dire que je n’ai pas renoncé à utiliser le manuel que j’utilise habituellement pour le remplacer totalement par ce que Benoit propose. Mais ça ne veut pas dire que je n’utilise pas certaines des ressources proposées.

 

1. Certaines ressources sont introduites trop tôt.

Prenons l’exemple du poster « Je me présente » que Benoit propose en tant que devoirs après le tout premier cours. Il souligne que les apprenants devraient, en travaillant sur ce poster, se concentrer sur ce qu’ils comprennent et non sur ce qui est incompréhensible pour eux.

Je le dis aussi à mes apprenants mais selon moi, c’est trop tôt de proposer des phrases à reconstituer avec les verbes être, avoir, étudier, faire , etc. et leurs formes négatives. Après le premier cours ils ne vont pas comprendre une grande majorité de ce poster.

Pourquoi, dans ce cas, proposer une ressource qui risque de provoquer une frustration et le besoin de vérifier presque tous les mots ? (Oui, je suis presque sûre et certaine qu’ils vont passer du temps à vérifier chaque mot dans un dictionnaire).

Moi, j’utilise ce poster en tant qu’exercice de révision après avoir introduit les constructions « faire du sport », etc, donc au bout de 25 heures de cours environ. Cela me permet de revenir à des verbes plus basiques pour que mes apprenants puissent construire consciemment leurs phrases.

 

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2. Manque d’exercices de systématisation

L’étape de systématisation est pour moi absolument cruciale. Benoit se concentre sur les ressources de production.

Pendant mes cours, j’en utilise beaucoup aussi, mais après chaque nouveau point de grammaire ou de vocabulaire, je propose quelques exercices qui ont pour but de donner aux apprenants quelques minutes d’une réflexion tranquille sur le sujet analysé. On le fait parfois pendant le cours (individuellement ou en petits groupes), parfois ce sont leurs devoirs, mais il y a toujours au moins deux activités de ce type.

Pour systématiser différents points de grammaire, j’utilise par exemple les exercices de grammaire ou les grammafiches que je trouve très utiles. Je cherche aussi des activités dans différents manuels et recueils d’activités.

3. Du coq à l’âne

Grâce à nos réunions didactiques, je sais très bien qu’on pourrait résumer la méthode de Benoit en un mot : « surprise ».

Il adore proposer des activités dont l’apparition surprend les apprenants. Ils ne savent pas quelle thématique sera travaillée dans 15 minutes.

Regardez par exemple le cours 17. Les apprenants commencent par un poster sur les vacances, ensuite, il y a une activité pour former des questions et  à la fin – une activité sur la famille.

Ce n’est pas mon style de travail, je résumerais le mien en disant « cohérence ». Je passe beaucoup de temps à réfléchir à la manière d’interconnecter les activités les unes avec les autres. J’imagine un fil sur laquelle j’accroche mes activités et aucune activité n’est aléatoire (mais cela ne veut pas dire que je n’improvise pas pendant mes cours. Mais cette improvisation est aussi contrôlée). Une activité résulte de la précédente. Ensuite, le cours suivant, je révise ce qu’on a fait, il y a toujours un lien logique entre deux activités et entre deux cours.

Je trouve cette manière de faire très rassurante pour les apprenants et pour moi aussi.

4. La communication, ce n’est pas tout

J’ai l’impression que ce cours, c’est un recueil d’activités qui ont pour but de faire parler les apprenants.

Et c’est très bien parce qu’on veut que les apprenants se débrouillent dans des situations de communication, mais… voilà, il y a un “mais” important.

Benoit néglige un peu d’autres compétences comme la compréhension orale, la production écrite et les compétences socioculturelles. Il n’y a pas de documents authentiques qui éveilleraient l’intérêt des apprenants pour la culture francophone, ce que je trouve vraiment important. La langue n’est pas un atome indépendant, c’est une partie de la culture et en enseignant la langue, il faut enseigner aussi la culture. Selon moi, c’est notre mission.

De plus, Benoit utilise surtout des MiniZ. J’en utilise beaucoup avec mes apprenants mais cet outil à un certain moment devient répétitif. J’aime modifier les techniques pour activer différentes compétences (non seulement celles linguistiques mais aussi celles générales) des apprenants. Benoit n’utilise pas de jeux par exemple, et c’est un outil qui diversifie beaucoup les cours.

Se concentrer sur la communication, c’est très bien, mais il ne faut oublier qu’il y a aussi d’autres aspects à travailler.

Conclusion

Voici quelques exemples grâce auxquels vous pouvez voir que nos approches sont différentes et ces différences disent beaucoup sur nos caractères.

Je suis absolument sûre que Benoit aurait du mal à prendre mon carnet où je note le plan de chaque cours et à le réaliser point par point.

Je trouve très intéressant de voir les pratiques d’autres profs et d’en parler parce que c’est inspirant, on peut voir qu’il n’y a pas de méthode miracle d’un cours réussi (je vous invite donc à nos ateliers pendant lesquels il y a beaucoup d’espace pour parler avec d’autres profs, pour se laisser inspirer).

Nos cours sont différents, mais ils sont tous réussis.

Et vous ? Comment définiriez-vous vos pratiques de classe ?

N’hésitez pas à partager vos expériences dans les commentaires.

 

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Dorota Padzik

Dorota Padzik

Je suis prof de français dans une école à Varsovie. J’y teste mes nouvelles idées et méthodes d'enseignement. J’adore encourager mes apprenants à parler en créant une ambiance favorable aux échanges.

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