Aujourd’hui, j’aimerais vous présenter un extrait d’un cours mené avec des enfants âgés de 4 à 8 ans dont certains ont déjà suivi des cours de français et d’autres sont des débutants complets. C’est une difficulté assez récurrente quand on travaille avec des enfants. Par cet exemple, je voudrais montrer qu’on peut faire un cours réussi avec des élèves de différents niveaux d’apprentissage et partager avec vous quelques astuces pour s’assurer de cette réussite finale.
Je vous propose de commencer par jeter un coup d’œil sur le film ci-dessous. Je vous fais directement entrer dans ma classe, et vous savez ce que ça veut dire pour un prof ;) Mais c’est plus facile de montrer les choses que de tout expliquer.
Vous pouvez voir que les enfants sont tous très volontaires au point qu’il est même difficile de distinguer ceux qui débutent des autres. Pourquoi alors les enfants s’engagent-ils, comment faire pour qu’ils aient envie de jouer le jeu ?
Je vous propose ici quelques éléments qui me paraissent fondamentaux :
Travailler avec les émotions
Avec les petits, je stimule d’abord leur côté émotionnel. C’est pourquoi la présence de mes petites mascottes est si importante. Elles ne peuvent en aucun cas rester de simples accessoires apportés en cours et aussitôt mis de côté. Elles doivent en fait rester tout le temps au centre de l’attention des enfants, la focaliser. Ce sont les peluches qui « mènent le cours », l’enseignant ne gardant que le rôle d’un modérateur. Il est possible de travailler avec n’importe quelle peluche. Ce qui compte si vous souhaitez en utiliser, c’est de leur donner un espace important. N’y allez pas à moitié ;)
Mener le cours ne veut pas dire non plus la même chose que lorsqu’on on a affaire à des élèves plus âgés… En fait, le cours est une rencontre pendant laquelle les personnages incarnés par les mascottes vont vivre leurs petites aventures. Les émotions qu’ils éprouvent à cette occasion ainsi que les situations elles-mêmes sont proches de celles des enfants… Les enfants s’y reconnaissent très vite et ont tout de suite envie de les vivre avec leurs petits amis. Ils imitent, chantent, répètent car ils sentent que c’est « vrai » et proche de leur univers. On peut par exemple aller faire les courses, se présenter, partir en voyage…
Enthousiasme et expressivité
Bien sûr, tout cela ne serait pas possible sans un vrai engagement de la part du prof. C’est lui qui anime les mascottes, c’est lui qui veille à ce que l’attention des enfants soit tout le temps stimulée. Il est comme un acteur sur scène et doit être aussi expressif. Moduler l’intonation, accentuer la mimique et la gestuelle, éviter à tout prix la monotonie, ne jamais avoir peur « du ridicule » car le ridicule n’existe pas en cours avec les enfants – voici les clés du succès. Plus on exagère, plus on se met dans la peau des personnages, mieux c’est.
Sentiment de sécurité et de succès
Et enfin – un autre facteur de succès incontournable : créer un sentiment de sécurité et de réussite. Pour y arriver, rien de plus efficace que la mise en place de quelques petits rituels…C’est bien d’avoir sous la main quelques chansons avec lesquelles chaque cours pourra commencer et finir ou qui nous permettront d’introduire des structures qu’on veut travailler
Dans la vidéo, regardez l’enchainement de chansons à partir de 3 mn 20 : les enfants connaissent chacune des chansons et les enchainent sans problème, pour former une sorte de dialogue chanté.
Un texte répétitif et simple, une mélodie accrocheuse, une petite scène créée à partir de la chanson – tout cela permet aux enfants de suivre et de comprendre le cours sans que l’on ait à recourir à leur langue maternelle. Ils se sentent alors en sécurité et ont envie de participer.
De même pour les jeux – il ne s’agit pas d’en inventer à chaque fois de nouveaux. De même, les jeux doivent être simples car les enfants se sentiraient très vite découragés par des outils trop complexes. Ce qui les rassure, c’est de refaire le type de jeux qu’ils connaissent déjà.
Faire les courses :
L’élément nouveau vient avec les structures qu’on utilise en jouant – celles qu’on veut faire apprendre ou réviser. En l’occurrence, dans la vidéo, j’introduis ces structures à partir de 8 mn 22 :
- Bonjour Madame/Monsieur/Ania + un produit + s’il te plait/ s’il vous plait.
- Combien je vous/te dois ?
- Quelques chiffres / nombres (en fonction du niveau)
- Quelques noms de produits/d’objets : Pain, lait, croissant, pâtes, eau, céréales, poupée, camion, guitare, ballon, ours (en peluche),
- Voilà, merci, au revoir et bonne journée.
En imprimant et découpant les deux cartes suivantes, vous disposerez d’images qui vous permettront de travailler les structures citées ci-dessus. Vous pouvez pour cela vous inspirer de l’exemple de la vidéo. Bien sûr, avec la chanson ça marche encore mieux.
Pour ancrer d’avantage les structures et le vocabulaire (voir à ce sujet l’article “utiliser des supports répétitifs“), vous pouvez refaire la même activité « On fait les courses » avec d’autres images de votre choix. Non seulement les enfants mémoriseront encore mieux les structures relatives aux achats mais vous pourrez réviser n’importe quel lexique sur lequel vous êtes en train de travailler…
Si vous souhaitez travailler avec la chanson regroupant toutes les structures nécessaires à faire un achat, vous pouvez vous la procurer sur La Boutique FLE où se trouvent plusieurs ressources tirées de la Méthode Les Petits Français. Cette chanson et de nombreuses activités complémentaires se trouvent dans le pack 2.
Enfin, n’oubliez pas non plus de revenir systématiquement au vocabulaire. Vous pouvez par exemple proposer d’autres activités en vous basant sur les dessins ci-dessus. Par exemple, les enfants sont assis en cercle et des images « jouets » ou « aliments » sont placées au milieu. Les enfants ferment les yeux, le prof cache une image et il demande aux enfants : “Qu’est-ce qui a disparu ?” Vous pouvez également faire des jeux de mémory en imprimant les images en double.
Quels que soient les activités que vous proposez, pensez-les pour qu’elles soient simples et qu’elles puissent se faire entièrement en français.
Et voilà, je vous laisse avec ces réflexions et je vous encourage à consulter les autres ressources tirées de la méthode de français pour enfants dont sont tirés les différents éléments de cet article.
0 commentaires