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Dorota Padzik
30 avril 2019

Comment utiliser l’erreur pour apprendre ?

par | 30 Avr 19

Cet article accompagne une vidéo d’Espace Formations FLE, un espace de formation continue pour profs de FLE animé par Les Zexperts FLE et l’Institut Français de Pologne.

Comment utiliser l’erreur pour apprendre ?

Comment utiliser l’erreur pour apprendre ?

Quand je demande à mes apprenants ce qu’ils voudraient travailler, ils me répondent très souvent « je veux faire moins d’erreurs ». Objectif normal. Mais est-ce possible ? Au lieu de se concentrer sur l’élimination des erreurs on pourrait changer d’attitude par rapport à ce qui n’est pas correct. Si on commence à percevoir l’erreur comme quelque chose qui peut nous aider, on sera moins stressé et la perfection, qui est tellement difficile à atteindre, ne sera plus notre Graal.

Il y a différents types d’erreur : de grammaire, de prononciation, de lexique, de syntaxe ou d’orthographe. Elles ont un élément en commun : l’erreur, contrairement à la faute, c’est quelque chose de normal, d’inévitable, qui témoigne des difficultés que l’apprenant doit résoudre pour produire une connaissance nouvelle. C’est utile également car si l’apprenant commet une erreur et que l’enseignant la lui signale, il va alors essayer de se corriger et émettre de nouvelles hypothèses de réponses. Et il devient ainsi acteur de son apprentissage ! Donc, avec cette attitude, une erreur ne provoque pas la frustration chez l’apprenant mail elle l’aide à s’améliorer. Bien sûr, c’est notre travail à nous. Nous, en tant que prof, nous devons dédramatiser l’erreur et expliquer aux apprenants que ce n’est rien de grave et comment il peut en profiter.

Comment peut-on signaler une erreur ?

  1. On peut laisser passer l’erreur, sans la signaler. Par exemple pour encourager un apprenant qui prend peu la parole. Ou dans le cas d’une erreur trop complexe à corriger. Ou encore parce que l’erreur n’affecte pas le message. Parfois aussi il y a trop d’erreurs, il est alors contreproductif de signaler toutes les erreurs. Il vous faudra hiérarchiser en fonction de vos objectifs. Donc c’est à nous, profs, de décider si la correction et le travail sur une erreur peuvent aider notre apprenant ou si ça ne provoquera que la frustration et le découragement.
  2. Si on corrige une erreur faite lors d’une production orale, on peut la signaler avec une mimique, un geste, un son, etc. On peut créer notre répertoire personnel des signes compréhensibles de nos apprenants. On signale que quelque chose ne va pas mais on laisse l’apprenant s’auto-corriger. Si nécessaire, vous pouvez passer par différentes étapes :
    • signalez à l’apprenant qu’il a fait une erreur et invitez-le à se corriger. Par exemple, s’il oublie la liaison, on peut faire un geste, sans rien dire, qu’il faut associer deux mots et donner la chance à l’apprenant de prononcer ces mots de manière correcte.
    • si besoin, précisez où est l’erreur, en posant une question « j’AI allé ? Tu es sûr ? » en soulignant le verbe « avoir » qui n’est pas correct.
    • si besoin, notez au tableau,
    • si besoin, invitez les autres apprenants à proposer une correction ou une reformulation.
  3. Si l’erreur apparaît dans une interaction orale entre apprenants et que vous pensez que le fait de relever cette erreur sera profitable, vous pouvez les interrompre, voire interrompre tout le groupe. A vous de voir. Notez la phrase erronée au tableau et demander à l’ensemble du groupe de proposer une remédiation. Veillez ensuite à remplacer la phrase initiale par la phrase corrigée.
  4. Si vous ne voulez pas interrompre la discussion, vous pouvez noter sur une feuille quelques phrases contenant des erreurs et après l’activité, vous pouvez les noter au tableau, sans dévoiler leurs auteurs, et demander à tout le groupe de les corriger. Pour mobiliser les apprenants à une réflexion plus profonde, vous pouvez noter aussi quelques phrases correctes. Ainsi, les apprenants devront d’abord identifier les phrases incorrectes, et ensuite les corriger.
  5. On peut aussi proposer une co-correction c’est à dire qu’on fait collaborer les apprenants pour qu’ils profitent des compétences des autres. On privilégie ainsi l’autonomie des apprenants dans la correction. C’est une méthode qui peut très bien marcher si on corrige les productions écrites des apprenants. Vous faites travailler les apprenants par deux et vous leur distribuez les textes qu’ils avaient rédigés avec les erreurs soulignées. Par deux, ils essaient de corriger les passages incorrects. Mais ici, attention ! Ne soulignez pas les erreurs en rouge. Apparemment, cette couleur n’influence pas positivement le moral des apprenants.
  6. Vous pouvez également proposer aux apprenants une fiche de suivi comme celle ci-dessous.
    erreur

    Elle est très simple, ouverte et individuelle : chaque apprenant peut aussi l’utiliser comme il veut. L’idée est de noter ses erreurs mais aussi de se poser la question « Pourquoi je l’ai commise ? ». Les réponses des élèves peuvent varier : « parce que je n’ai pas fait attention », « parce que je ne comprends pas la règle », « parce que j’ai confondu avec une expression similaire d’une autre langue », « je n’arrive pas à mémoriser la conjugaison au conditionnel », etc. Ces réponses sont non seulement utiles pour l’élève, qui devient plus conscient et plus responsable de son apprentissage, mais aussi pour le prof, qui reçoit des indications précises sur les difficultés de cet apprenant. Mais bien sûr, on doit accompagner l’apprenant dans ce processus, lui montrer comment ça marche et à quoi ça sert. Cette fiche est aussi un retour pour le prof : si l’ensemble du groupe souligne une difficulté, a du mal à comprendre quelque chose, c’est sans doute à nous de changer de stratégie.

Bien sûr cette liste de stratégies, n’est pas exhaustive. Vous pouvez chercher les méthodes qui conviennent le mieux aux besoins de vos apprenants. Ce sont des inspirations qui ont pour but de transmettre un message important : une erreur ce n’est pas la fin du monde. Et il faut que les apprenants s’en rendent compte le plus vite possible.

Si vous avez d’autres stratégies et des réflexions à ce sujet, laissez-les dans les commentaires. À bientôt !

Dorota Padzik

Dorota Padzik

Je suis prof de français dans une école à Varsovie. J’y teste mes nouvelles idées et méthodes d'enseignement. J’adore encourager mes apprenants à parler en créant une ambiance favorable aux échanges.

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1 Commentaire

  1. brigitte

    j’aime beaucoup l’idée du tableau avec les erreurs et le pourquoi de l’erreur que l’étudiant doit rechercher . J’ai déjà essayé de l’appliquer d’ailleurs mais ai été confrontée à des étudiants qui ne prenaient pas la peine de l’utiliser.
    Je me suis donc posée la question du feedback.
    Faut-il un suivi et/ou un feedback du professeur pour qu’il soit efficace ou cet outil est-il purement personnel à l’étudiant, en ce sens que le professeur peut les lire mais qu’il ne doit rien y écrire et ‘simplement’ adapter son cours en fonction de ce qu’il y voit ?
    En d’autres termes, ce outil à lui seul suffit-il pour rendre l’étudiant autonome dans son apprentissage de la langue ou une interaction avec le professeur est-elle malgré tout à conseiller ? SI oui, quelle(s) forme(s) d’interaction préconisez-vous? Merci

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